Fashionista Paris

La  » Djonguélogie « , mot évoquant sensualité, volupté et déférence à son époux est au Sénégal ce que le romantisme est à la France de Lamartine et de Musset.

Selon moi, chacun doit la traduire à sa façon parce que les mentalités diffèrent au Sénégal. Bien que l’on veuille le conjuguer avec la femme typique Wolof, nourrie aux idéologies de l’allégeance complète au mari et bien coachée par ses tantes qui lui donnent toutes les clefs pour ferrer un mari, le « Djongué » est présent chez chaque femme.

C’est comme le bon sens, elle est la chose la mieux partagée au sein de la gente féminine. Si généralement on le colore à la sauce intime (arsenal de séduction nocturne et consorts ), il est avant tout un état d’esprit, cette faculté à cultiver la paix au sein du couple.

Cela commence par une communication bien huilée qui fait appel à certains codes culturels comme le cousinage à plaisanterie.

D’ailleurs, dans certaines cultures comme chez les Soninkés, on dit tout mariage qui ne s’asperge pas de quelques doses de cousinage à plaisanterie n’est point agréable.

Ce qui nous pousse à définir le  » Djongué » par une simple  appétence de la femme à mettre son mari à l’aise par la parole, par les actes et le regard avec une dose de coquetterie en bandoulière.

Au village par exemple,  le simple fait d’amener un sceau d’eau tiède aux toilettes pour son mari peut entrer dans ce cadre.

Même si les féministes y verront une domination teintée de l’homme sur la femme, il est une manifestation du  » Djongué ».

On peut également évoquer la cuisine comme élément constitutif de cette  » Djonguélogie ». Un succulent mets servi avec tendresse suffit à décocher le sourire masculin.

 

N’est-ce pas suffisant pour l’harmonie des cœurs et des corps ? Malheureusement, aujourd’hui, on le réduit à l’intimité nocturne alors qu’elle a d’autres soubassements.

Il faut faire étalage de ses perles, embaumer la chambre d’encens et faire un tour au marché HLM à la recherche des nouvelles tendances de coquetterie féminine pour avoir sa carte de Djonguélogie  » new version ». 


Si tu as un mari asthmatique, mettre de l’encens serait- il de la Djonguélogie ou une mise en danger de la vie d’autrui ?

Ce qui veut dire que tous les artifices de la féminité doivent être utilisés avec parcimonie.

Il ne s’agit pas d’un empilement d’artifices dont on ignore souvent la provenance. Elle se définit certes par la coquetterie mais agrémentée de savoir- vivre et de savoir être sans commune mesure. 

Maintenant, le  » Djongué » dans le contexte migratoire serait plus une hérésie. Les couples sont très souvent en déséquilibre affectif.

Les mentalités sont très figées parce que les héritages culturel et ethnique refont surface très souvent.

Chez certains, la femme doit être l’incarnation de la pudeur en toute circonstance. Dans ce contexte,  » Djongué » peut-il se traduire de la même façon ?

De plus, les uns et les autres ne savent pas les contours de leur rôle au sein du couple.

Quand on se dispute pour un tour de cuisine, de ménage avec son mari, a-t-on le temps de s’adonner à la Djonguélogie à la sénégalaise ? Pour moi, il n’y a point de rôle.

Chacun doit donner son âme, sa force, son intelligence et son cœur pour l’équilibre du couple.

Toutefois, les femmes dans le contexte occidental ont-elles le temps de se prendre la tête avec ce vocable si l’on sait l’ampleur des tâches qui les attendent souvent après le boulot.

Il faut signaler qu’il n’y a pas de bonnes dans leurs maisons comme dans les pays d’origine (Sénégal, Mali …).

Donc, elles se tapent tout le travail si elles tombent surtout sur un mari rigide et fermé qui ne veut ni faire les devoirs des enfants, ni s’occuper de la cuisine.

 

Des fois, il ne daigne même pas faire les courses alimentaires. Ce type de mari qui réduit la femme à une servante même si elle est pourvue de devises familiales a-t-il droit à la déférence féminine ?

L’autre pan de la Djonguélogie est l’attribution de petits noms à son mari. Le Wolof est naturellement une langue coquine. Tout a un sens figuré.

C’est une langue qui est un véhicule adapté pour faire passer toute sorte de messages sans que la vulgarité s’affiche.

Ce n’est pas le cas pour les autres langues africaines comme le Soninké, le Peul, le Bambara où l’on a du mal à nommer tout ce qui se rapporte à la féminité.

Les sénégauloises, vont-elles appeler leurs maris mon chaton, mon toutou, mon loulou ?

La transposition me semble très difficile. Chaque langue a ses codes. Le français, même si elle abuse des figures de style, ne peut égaler le Wolof dans la façon de connoter les mots.

Donc, les conditions de vie et les mentalités des filles nées dans l’immigration épousent difficilement la  » Djonguélogie « .

Les hommes constituent également un frein dans la transposition de cet état d’esprit.

Certains hommes, fermés, peuvent prendre cette propension à la coquetterie pour de la légèreté des moeurs.

Ils prennent souvent les femmes ouvertes pour des dévergondées. Un frein de plus à l’épanouissement dans les couples ouest-africains dans l’immigration.

Il faut ajouter à cela le manque de communication dans les couples.

En somme, la première pierre de cette « Djonguélogie » est la paix sociale.

Si elle est présente, tout s’installe naturellement. La coquetterie, le langage pimenté et autres allusions à l’intimité ne peuvent primer sur la communication verbale voire faciale, gage de l’équilibre du couple.

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